D’un disque à l’autre.

Le blog dormait.
Comme une marmotte, il a dormi tout l’hiver.

Moi-même, en vérité, je n’ai pas tant dormi. Hagarde et emmitouflée, j’écrivais des chansons et je retouchais des démos jusqu’à la nausée, au point de ne plus les aimer du tout. Choisir des titres, en faire de nouveaux, en reprendre d’anciens, et ne plus aimer l’album avant même de l’avoir écrit, c’est à peu de choses près ce à quoi ressemblait mon hibernation.

Mon dieu ! Si seulement j’avais su qu’écrire un second disque demanderait autant d’énergie.
Pourtant, le premier opus n’a pas eu un succès foudroyant et même si il a eu une vie honnête, l’accompagner ne m’a pas exténué. Il m’a même donné envie de passer à la suite. Non, ce n’est pas la fatigue de l’énergie déployée sur le premier qui a été douloureuse, c’est l’énergie que demande l’abandon, le passage.

Ce qui est véritablement difficile c’est de quitter un premier disque. Ce premier album est une chose si particulière, l’incarnation tant désirée d’un projet que l’on nourrit pendant des années. Et puis on s’habitue à le voir partout, à le traîner sur scène, à le défendre avec conviction. On s’habitue à vivre avec.
Parce c’était le premier, je l’ai aimé d’une façon si particulière.

Le laisser s’en aller, le tuer presque, et s’obliger à avancer, à se dévoiler d’une autre façon, a été très difficile. J’ai dû quitter Paris pendant plusieurs mois, essayer d’écrire, y arriver, ou pas, y croire. Supporter aussi qu’il n’y avait plus rien à dire sur moi, et comprendre que c’était le moment de préparer ce qu’il y aurait à dire dans le futur. Vivre avec une absence totale de perpective : un deuxième album, d’accord, mais quand ?
Et le label qui avait d’autres chats à fouetter et qui me disait, en somme, “tu peux mieux faire”.
Alors oui, finalement, comme il n’y avait pas de choix, il a fallu mieux faire. Et, mon impatience contenue, j’ai continué à écrire, de mauvaises choses et de bonnes choses, pour enfin avoir un truc qui ressemble à un disque.

J’ai détesté cet hiver, comme le creux d’une vague glacée et dangereuse. Je savais bien que la vague retrouverait de sa superbe avec les premiers rayons du soleil et qu’elle m’emmènerait avec elle, il y avait une multitude de signes. Mais mon impatience m’a torturée et j’ai passé de longues journées à ne rien faire sinon regarder le plus de matchs de tennis possible afin d’oublier l’existence même de mon cerveau. Je suis devenue presque incollable sur le circuit atp masculin. Une boulimie imbécile, et surtout pas de musique. Juste le bruit des balles.

La vague enfin a pointé le bout de son nez et je suis sortie officiellement de ma léthargie mardi 7 juin. C’était ma plus belle journée depuis longtemps. Tout se dessinait enfin. Un clip qui s’avérera une expérience extraordinaire (je développerai ultérieurement), des rencontres déterminantes et excitantes, un planning redoutable avec un label à nouveau acquis à ma cause (lui qui n’a pourtant jamais vraiment cessé de l’être), et l’enregistrement dudit album, qui s’approche enfin à pas de géant.

Car oui, je pars jeudi enregistrer ce nouveau disque. Et j’ai peur.

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