L’ Acharnement

Chers tous, ça fait un bail.
Pourtant j’ai plein de choses à vous dire, à vous écrire.
J’ai sorti un vinyle,  puis un clip, et j’ai monté un label avec plein d’artistes chouettes.
Si vous voulez en savoir un peu plus, voici une interview parue aujourd’hui sur l’excellent blog “Les Acharnés“.
L’occasion de faire un rapide résumé de mon parcours de ces dernières années, de mes péripéties, et de mes nouveaux projets.
La suite très vite.

L’ ACHARNEE DU MOIS #8

Stormy Christmas

I haven’t posted music in a while, so I decided it was about time to share a glimpse of what is going on in my world.
2014 has been pretty blurry and was mostly a « work in progress » kind of year. I wrote a bunch of songs, that should be released at some point in 2015, maybe here, maybe elsewhere, maybe under another name. I don’t know yet, but I have a lot of leads and ideas.

Anyway, I want to share this song with you because it sums up pretty well the end of my year. It hasn’t been so great for me : my record label decided we should stop the adventure after two records and I had pretty serious health issues. Of course, I had no choice but go through all of it and hang in there. That’s right : run through the storm. That’s what the songs says, and as it often happens – strangely enough – I wrote it before I got all the bad news.

I recorded this demo at home in Paris, last october. I finished it in one evening and although it’s not perfect, there is something intimate about it I really like.

I’m not sure I will leave it online forever but right now, I want to share this song with you all.

I hope you will enjoy it, and while it’s around, feel free to share.

Love you all, and Merry Christmas.

Voici.

Je n’ai pas posté de musique depuis longtemps, et j’ai pensé que c’était le moment idéal pour partager un extrait de ce qu’il s’est passé dans mon univers en 2014. C’était une année d’hibernation et de travail. J’ai beaucoup écrit, et j’espère pouvoir vous révéler tout cela l’année prochaine, ici, ou ailleurs, ou peut-être sous la forme d’un autre projet. Je ne sais pas encore, mais j’ai beaucoup de pistes et d’idées.

Quoiqu’il en soit, je souhaite partager cette chanson avec vous car elle résume assez bien ma fin d’année. Cela ne fut pas idéal ; la collaboration avec mon label s’est achevée après deux disques et j’ai eu de sérieux problèmes de santé. Mais il n’est pas question de s’apitoyer, ce n’est pas dans mes habitudes. Alors voilà, il a simplement fallu que je prenne mon mal en patience afin de traverser la tempête. C’est ce que cette chanson raconte, et comme souvent, bizarrement, je l’ai écrite juste avant de recevoir toutes ces mauvaises nouvelles.

J’ai enregistré cette démo en octobre chez moi à Paris. Je l’ai terminée en une soirée, et même si elle est imparfaite, j’aime bien l’intimité bancale de cette version.

Je ne suis pas certaine de la laisser en ligne pour toujours, mais je tiens aujourd’hui à vous la faire écouter.

J’espère qu’elle vous plaira, et pendant qu’elle est en ligne, n’hésitez pas à partager.

Je vous embrasse, et vous souhaite un merveilleux Noël.

https://www.youtube.com/watch?v=DlgNsHS86ts

I love you Bandit.

Nous y sommes.

La tempête est passée, le Bandit est en cavale depuis lundi dernier et je ne sais pas exactement quoi écrire ici.

Je me doutais qu’en relisant la plupart de mes posts précédents à propos du disque, je sourirais. Un sourire tendre bien sûr, car je sais comment cela s’est passé, et je me souviens des nuits d’insomnies. Si les insomnies n’ont pas vraiment cessé, ce n’est plus à cause de l’angoisse lourde de ne pas arriver à faire un bon disque, mais de l’inquiétude de ne pas le défendre convenablement. On ne se refait pas. Il y a toujours une excellente raison pour ne pas dormir.

Donc lundi matin, ‘Bandit’ était dans les bacs et j’avais peur. Peur d’une catastrophe, d’un casse majeur, d’une garde-à-vue. Rien de tout cela n’est arrivé, et le disque est désormais libre, et probablement aussi prêt à en découdre que je le suis moi-même. A vrai dire, ma fierté est immense. Lorsque l’on sort son premier album on ne sait jamais si on parviendra à en sortir un deuxième. Et un deuxième que l’on pourra aimer convenablement.
Et bien ce disque je l’aime, un peu bêtement, comme on aime lorsqu’on est adolescent. Je l’aime parce qu’il m’a fait comprendre un certain nombre de choses essentielles, sur moi-même, et sur mon métier infernal.

Aujourd’hui tout est différent. Parce que je sors mon second disque, le regard que l’on me porte a changé. On lit diverses choses sur la maturité, l’évolution… Non il n’y a pas de maturité, pas encore, cela viendra peut-être un jour, mais certainement pas tout de suite. Il y a simplement davantage de moi-même dans cet album, et c’est sans doute ce qui lui donne une certaine valeur. Si le chemin pour s’enfuir fut long et tortueux, l’aventure s’est avérée essentielle.

On ne peut pas se cacher derrière un disque, c’est l’inverse qu’il faut faire. Il faut se révéler. Je ne l’avais pas compris, mais c’est désormais une évidence. Un disque n’est pas une photographie d’un moment comme je l’ai souvent dit à propos du premier album, c’est un morceau de soi-même que l’on choisit, que l’on façonne avec soin, et que l’on abandonne aux oreilles des autres. Alors oui, j’avais peur de la vulgarité, de l’impudeur, mais en vérité je n’ai partagé que de la joie et du bonheur avec le Bandit.

Maintenant que les couleurs sont revenues, je n’ai qu’un souhait à formuler : que le disque vous plaise, infiniment, et que vous l’aimiez autant que je l’aime.

BANDIT-BIG

Here we are.

The storm has passed and the Bandit is on the run since monday morning. I don’t really know what I should be writing here.

I knew that re-reading most of my previous posts would make me smile. A sweet smile of course, as I remember it all, as I recall the nights of insomnia. To tell the truth, insomnia is not exactly over, but now it’s not about finishing a good record anymore, it’s about how I can share it properly with you all. People can’t change their nature, right? There is always a good reason for not sleeping anyway.

So last monday the album was in most record stores and I was terribly scared. Scared of a catastrophe, a robbery or some kind of custody. None of this happened and the Bandit now runs free, and is probably as ready as I am to start the fight. I am very proud. When you release a debut album, you never know if you will ever get the chance to make a second one. Another record you’ll love properly. Well I do love this one. Probably in a puerile way, but I love it because it helped me go through essential things, about myself, and made me understand a bit better how my job works.

Everything has changed today. People look at you differently when you release your second album. You start reading things about maturity, change. No, there’s nothing like that yet, but it’s more personal and that’s probably what confers value to this LP. The road to get it done was as winding as the experience was vital. You cannot hide behind a record, you need to do the exact opposite and reveal yourself. Although it seems pretty obvious, it took me quite some time to understand it. A record is not a snapshot of a moment as I thought it was, it’s simply a part of yourself that you chose to let go, and share.

I was afraid of becoming somehow tacky, lacking reserve and delicacy, but what I found is priceless. I shared pure joy and delight with the Bandit.

And now that the colors are back, I hope you’ll love this record as much as I do : boundlessly.

heartcapanalog

La dissolution, la cave et le Music-Hall

Dissolution

Nous sommes déjà début avril.
La pochette trouvée, un premier titre lancé dans la jungle du net, puis quelques concerts pour se dégourdir les jambes, les premières chroniques, le tournage d’un deuxième clip, et un EP qui a sorti le bout de son nez.

Enfin.
Comme c’est long.
Et dire que l’album, dont la sortie est encore repoussée, ne sera pas dans les bacs avant la fin du mois d’août.

Je me souviens d’un café avec l’artiste Katel il y a 3 ans au moins. Je venais à peine de signer chez tôt Ou tard, j’avais les yeux qui brillaient ; nous allions jouer au Bataclan en première partie de Shaka Ponk, faire Taratata, et mon premier disque, Turtle Tales From Overseas allait sortir. Devant moi il y avait l’infini des possibles.
J’avais vingt six ans et je me souviens qu’elle m’écoutait avec une petite moue de vieux briscard. Plutôt que d’attendre la sortie de son deuxième lp en rongeant son frein, elle avait monté une tournée à l’arrache, dans des cafés concerts, pour faire découvrir son travail, pour supporter l’attente et se mettre en danger. Je trouvais ça dingue, je m’en sentais incapable, j’étais si contente qu’enfin on fasse tout à ma place.

Maintenant, je comprends mieux. Comment peut-on supporter une telle dissolution du temps entre les trois étapes principales de l’élaboration d’un disque : l’écriture, l’enregistrement, et la sortie (donc la diffusion, notamment via les concerts).
On ne peut pas.
Alors que le label sort des disques, et colle à un calendrier idéal (ou rêvé), de promo et d’airplay, dans un contexte actuel horriblement hostile, l’artiste, lui, a simplement envie de faire écouter ses chansons et de les jouer.
Dans le cas du Bandit, le processus a été si compliqué, pour enfin avoir un album que j’étais prête à défendre, que l’attente qui m’est imposée paraît d’autant plus difficile.
Les chroniques font du bien, même mauvaises, parce que je sais qu’il y a des oreilles inconnues qui ont découvert les nouveautés. Une petite appréhension est passée. Advienne que pourra.

Sortir de la cave

A peine deux concerts pour essayer les nouveaux titres, un à l’International devant un public clairsemé un lundi de décembre, un autre au Divan du Monde, où le set était plus maîtrisé, mais plus sage aussi, puis une date à Qimper, aux Hivernautes, pour remplacer au dernier moment une artiste australienne. La date qu’il fallait. Celle où l’on ne joue pas si bien mais où le sujet est ailleurs. Et enfin, une date à Nantes, devant 1200 personnes surchauffés à l’idée de sauter partout sur le set de Shaka Ponk. Et peut-être un de nos meilleurs concerts.
Monter sur scène était une autre étape après cette longue méditation de studio. Presque un an sans jouer…j’avais peur d’avoir oublié.

Music-Hall

Après cette mise en bouche, je me suis souvenue de cette date énorme programmée le 4 avril 2012. Ai-je bien lu, bien entendu ? J’attends de le voir pour le croire. Le matin même, je me suis frottée les yeux : d’abord le nom sur la façade, les loges, le Marilyn, puis la scène…et voilà…nous y sommes.
Hier soir, il fallait abandonner backstage cette angoisse sourde de la première fois, et ne pas trembler en foulant la scène de l’Olympia. C’est chose faîte.
J’ai eu très peur, mais je n’ai pas tremblé.

D’un disque à l’autre.

Le blog dormait.
Comme une marmotte, il a dormi tout l’hiver.

Moi-même, en vérité, je n’ai pas tant dormi. Hagarde et emmitouflée, j’écrivais des chansons et je retouchais des démos jusqu’à la nausée, au point de ne plus les aimer du tout. Choisir des titres, en faire de nouveaux, en reprendre d’anciens, et ne plus aimer l’album avant même de l’avoir écrit, c’est à peu de choses près ce à quoi ressemblait mon hibernation.

Mon dieu ! Si seulement j’avais su qu’écrire un second disque demanderait autant d’énergie.
Pourtant, le premier opus n’a pas eu un succès foudroyant et même si il a eu une vie honnête, l’accompagner ne m’a pas exténué. Il m’a même donné envie de passer à la suite. Non, ce n’est pas la fatigue de l’énergie déployée sur le premier qui a été douloureuse, c’est l’énergie que demande l’abandon, le passage.

Ce qui est véritablement difficile c’est de quitter un premier disque. Ce premier album est une chose si particulière, l’incarnation tant désirée d’un projet que l’on nourrit pendant des années. Et puis on s’habitue à le voir partout, à le traîner sur scène, à le défendre avec conviction. On s’habitue à vivre avec.
Parce c’était le premier, je l’ai aimé d’une façon si particulière.

Le laisser s’en aller, le tuer presque, et s’obliger à avancer, à se dévoiler d’une autre façon, a été très difficile. J’ai dû quitter Paris pendant plusieurs mois, essayer d’écrire, y arriver, ou pas, y croire. Supporter aussi qu’il n’y avait plus rien à dire sur moi, et comprendre que c’était le moment de préparer ce qu’il y aurait à dire dans le futur. Vivre avec une absence totale de perpective : un deuxième album, d’accord, mais quand ?
Et le label qui avait d’autres chats à fouetter et qui me disait, en somme, “tu peux mieux faire”.
Alors oui, finalement, comme il n’y avait pas de choix, il a fallu mieux faire. Et, mon impatience contenue, j’ai continué à écrire, de mauvaises choses et de bonnes choses, pour enfin avoir un truc qui ressemble à un disque.

J’ai détesté cet hiver, comme le creux d’une vague glacée et dangereuse. Je savais bien que la vague retrouverait de sa superbe avec les premiers rayons du soleil et qu’elle m’emmènerait avec elle, il y avait une multitude de signes. Mais mon impatience m’a torturée et j’ai passé de longues journées à ne rien faire sinon regarder le plus de matchs de tennis possible afin d’oublier l’existence même de mon cerveau. Je suis devenue presque incollable sur le circuit atp masculin. Une boulimie imbécile, et surtout pas de musique. Juste le bruit des balles.

La vague enfin a pointé le bout de son nez et je suis sortie officiellement de ma léthargie mardi 7 juin. C’était ma plus belle journée depuis longtemps. Tout se dessinait enfin. Un clip qui s’avérera une expérience extraordinaire (je développerai ultérieurement), des rencontres déterminantes et excitantes, un planning redoutable avec un label à nouveau acquis à ma cause (lui qui n’a pourtant jamais vraiment cessé de l’être), et l’enregistrement dudit album, qui s’approche enfin à pas de géant.

Car oui, je pars jeudi enregistrer ce nouveau disque. Et j’ai peur.

Photobucket

Il neige sur cette nouvelle année

Lhasa de Sela s’est éteinte à 37 ans, à Montréal, sous la neige, alors que l’année 2010 commençait à peine.

C’était une artiste Tôt ou Tard, et elle ornait élégamment, avec tout son talent et sa beauté, le catalogue select du label. Je l’ai découverte en 1997 quand est sorti la Llorona, album superbe, que j’ai beaucoup écouté. Je scrutais les moindres inflexions de sa voix habitée, et j’aimais l’expression si forte de sa personnalité. L’originalité des titres, du son, et l’univers unique de cette Llorona avaient les allures d’un grand classique.

J’écoute peu de femmes qui chantent, mais sa voix dense m’avait étrangement marquée.
Sa disparition, si foudroyante, me fait un drôle d’effet.

Pourtant 2010 ne s’annonçait pas si mal.
Juste avant de partir m’isoler dans le sud de la France pour écrire de nouvelles chansons, jouer de la batterie très fort, boire du Pessac-Léognan et rêver à mon futur, j’étais passée chez Tôt ou Tard / Guess What qui avait reçu deux uniques exemplaires de l’album définitif. Noël avant l’heure. Ce petit objet imbécile que j’ai tant rêvé. Ce premier album, sa pochette, son livret, ses photos, son code barre (!).
Tous les détails les plus insignifiants sont la cause d’une infinie fierté. Cet album qui a déjà eu plusieurs minuscules vies, une histoire, et qui a failli se perdre sur d’autres chemins.

Mon premier album.

C’est celui-là même, qui sort le 22 février 2010 en Suisse, dans les bacs. Avant tout le monde.

Tandis que les albums ont la vie dure, que le format est méprisé, questionné, balloté, alors que certains ne veulent plus même en entendre parler, quel moment plus symbolique et fondateur pour un artiste que la sortie de son premier album?
Avec évidemment toute l’appréhension que cela suppose, les inconnues, cette angoisse excitante mêlée à l’impatience.

Envie que tout le monde sache, écoute, aime.
Envie de vous faire découvrir ces chansons, toutes ces chansons, mes chansons.

Alors que le monde pleure une artiste immense disparue, alors que même facebook et twitter semblent silencieux et moroses, alors qu’il neige dans mon coeur comme il neige sur le web 2.0, j’ai malgré tout violemment envie que 2010 m’appartienne.
Comme si j’avais 20 ans.

Pam.