Il y a plusieurs façons de faire un disque, c’est certain, et je n’ai pas choisi la plus simple. Les quelques lecteurs habitués de ce blog le savent bien.
Bandit aura donc déjà eu quelques vies et sera passé entre plusieurs mains. Après avoir re-enregistré le disque une première fois, puis une seconde fois, l’avoir mixé et masterisé, en avoir même sorti un extrait sous forme d’EP digital, je ne trouvais toujours pas le Bandit présentable. Au terme de quelques mois de réflexion et d’interrogations, nous avons tous les trois décidé, avec le support de mon label chéri, d’agrandir l’équipe et de confier le mixage du disque à quelqu’un d’autre. Accepter de ne pas tout faire soi-même, partager enfin, et grandir un peu en somme !
Alors qu’Ernest, Igor et moi épluchions les crédits de nos disques préférés à la recherche du mixeur de nos rêves, plusieurs noms sont apparus et la plupart semblaient inaccessibles. C’est finalement grâce à Steve Fallone, l’homme qui masterise nos albums à Sterling Sound depuis les débuts, qu’a surgit le nom de John Agnello, un de ses bons amis. La discographie de John m’a laissée rêveuse : Cyndi Lauper (!), Les Kills, The Breeders, Sonic Youth, Nada Surf, Dinosaur Jr… (http://www.johnagnello.com). Steve m’a proposé de le contacter, de prendre la température, et de nous mettre en relation. Bingo, deux jours plus tard, les présentations étaient faites et je lui envoyais les chansons. L’angoisse était insupportable, qu’allait-il en penser ? John m’a écrit qu’il adorait l’album et était impatient de participer à l’aventure. J’étais aux anges.
Au-delà de son univers musical et de son savoir-faire évident, John est un type absolument charmant et nos échanges d’emails se sont avérés hauts en couleurs. Je ne pensais pas que faire mixer mon disque serait aussi drôle. Et pourtant. L’expérience a été formidable, artistique, et très humaine, malgré la distance et le décalage horaire. Ou peut-être était-ce grâce à tout cela.
Choisir avec qui travailler est essentiel et pourtant si difficile. J’ai toujours eu besoin de sentir autour de moi un attachement authentique à ce que j’essaie de faire, quelque chose d’à la fois simple et pur, qui est au-delà de la musique elle-même. En vérité, la musique suppose tant de choses essentielles qu’elle ne supporte pas la demi-mesure. Chez John, j’ai senti un enthousiasme nouveau et différent, naturel et insistant, qui éclairait avec bienveillance ce disque alors que jusqu’à présent le Bandit, ainsi que ma confiance fragile, végétaient un peu. Il a certainement eu l’intuition de tout cela.
Curieusement, je me suis toujours sentie plus anglaise qu’américaine ; c’est en Angleterre que j’ai appris l’anglais, j’ai toujours aimé la pudeur anglaise, l’humour anglais ; ce complexe d’insularité dont ils ne peuvent pas se défaire, et qui les rend à la fois si odieux et si attachants. Et la pop anglaise, mon amour éternel. Hélas, cette admiration infinie pour les brits demeure très platonique, et lorsqu’il s’agit de musique c’est de l’Amérique que j’ai reçu le meilleur. Dès notre premier EP en 2006 Steve Fallone nous a conquis par sa science du mastering. Igor et moi l’avons rencontré à New York en 2008 à Sterling Sound. Nous avions été reçus comme des rois dans ces studios mythiques et son assistante l’avait appelé : “Steve ! ce sont les français !”.
Steve travaille essentiellement la nuit et nous avait proposé de passer le lendemain soir à Sterling. Il était tout seul dans les studios. C’était un moment spécial, on avait écouté ‘hysterical’ fraîchement masterisé sur ses enceintes de rêve. L’année suivante, il est venu nous rendre visite à Paris avec sa femme, a assisté à l’un de nos concerts. Depuis il a été un inconditionnel soutien à nos projets. Il a toujours fait preuve d’une immense rigueur, a (trop) souvent sauvé des mixs insauvables, toujours précis et disponible pour ses amis français. Il est si irremplaçable que c’est lui qui m’a présenté John Agnello.
Les américains, ou en tous cas ces deux-là, ont une culture du son et en particulier du rock qui est époustouflante. D’ailleurs, elle est si naturelle qu’il est inutile de l’évoquer. Avant de commencer les mixs avec John, je pensais lui faire une petite sélection de titres que j’aimais pour le guider, l’aider à comprendre plus vite l’état d’esprit global. Je suis contente de ne pas l’avoir fait, car cela n’aurait servi à rien. Ces types-là n’imitent pas, il s’adaptent totalement. C’est ce qui rend l’expérience si agréable.
Avec John, tout s’est passé avec un naturel déconcertant, et s’est installé entre les mixs et les envois de mp3, une correspondance loufoque et sympathique, qui a rendu cette semaine de travail inoubliable.
Grâce à lui, le Bandit a définitivement trouvé sa couleur. Et j’ai un nouvel ami.
Bref, je pars à New York en septembre faire une bise à John Agnello en vrai. N’est-ce pas la moindre des choses ?
There are many ways to make a record, for sure, and I hate things when they are simple. The few regular readers of this blog know that. The album Bandit had a few lives and was passed around a million times already.
After recording the album twice, having it mixed and mastered three times, after releasing part of it as a digital EP, I thought we still didn’t had the Bandit ready.
It took several months of thinking and we all decided, with the support of my caring label, to add someone to our team, and entrust the mixing to someone new. I had to accept not having total control of the artistic process, I agreed it was time to open up and to grow up.
Several names appeared while we were searching in our beloved album credits, and most seemed inaccessible. It is thanks to Steve Fallone, the man who mastered our albums at Sterling Sound that the name of John Agnello came out, as he is one of his good friends. John’s discography was stunning: Cyndi Lauper, The Kills, The Breeders, Sonic Youth, Nada Surf, Dinosaur Jr … (http://www.johnagnello.com). Steve agreed to connect us and two days later, I sent him some songs. I was very anxious, what would he think? I felt awful while waiting for his answer. John loved the songs, and seemed eager to participate in the album. I was delighted.
Beyond his musical experience and his technical skills, John is absolutely charming and our email exchanges proved to be colorful. I never thought mixing my record would be that funny : the experience was fantastic, artistic, and exquisitely special despite the distance and the jetlag.
The choice of who you work with is essential and yet so difficult, especially in artistic matters. I always needed to feel around me a genuine commitment to what I am trying to do, something simple and pure, that makes sense beyond the music itself. Music is so essential that it cannot stand half measures. John shared his enthusiasm with so much conviction that I felt it enlightenned the project, and strenghtenned my confidence that was pretty much undermined. I’m sure he knows that.
Strangely enough, I’ve always felt more English than American : I learned English in Great Britain, I always liked the English reserve, the British humor, the ‘complex of the Island’ they have that makes them either odious or endearing. And British pop music of course…my dearest love. Unfortunately, my infinite admiration for brits remained very platonic, and when it comes to my music it’s from America that I received the most.
Since our first EP in 2006 Steve Fallone impressed me with his mastering skills. Igor and I met him in New York in 2008 at Sterling Sound Studios. I remember waiting in the lobby of the Studios and his assistant calling : “Steve ! here are the French !”. Everybody looked rather excited. It was sweet.
Steve works mainly at night and received us the following evening in his magnificent mastering booth. He was all alone in the studio, and it felt like a special moment. We listened to ‘hysterical’ freshly mastered on his amazing gear and Igor and I were really impressed. The following year he came to visit us in Paris with his wife. Since then he showed unconditional support. He has always worked with great rigor, enhanced so many crappy mixes I sent him, being always so accurate and so available for his french friends. And he is so irreplaceable that he is the one who introduced me to John Agnello.
Americans, or at least the two guys we’re talking about here, have a culture of sound and particularly rock that is absolutely breathtaking. Moreover, it is so natural that there is no need to talk about it. Before starting the mixes with John Agnello, I thought I’ll send him a small selection of tracks, to guide him, help him understand the overall mood of the record. I’m glad I didn’t because it would have been useless. These guys do not imitate, they adapt. This is what makes the experience so enjoyable and so special. With John, everything went smoothly, and between the mixes and the delivery of mp3, the friendly correspondence we had made this whole week unforgettable.
Thanks to him, the Bandit has finally found its way out of jail. And I found a new friend.
I’m going to New York in September to give a hug to John Agnello in real life. That’s the least I can do.
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